On la voyait comme la prochaine révolution du journalisme, mais elle peine à se faire une place. La réalité virtuelle (RV), technologie qui permet de voir un environnement à 360°, patauge un peu. Si quelques initiatives se démarquent, le public n’est pas toujours au rendez-vous. Pour le moment.
Les médias avaient pourtant vu dans la RV le futur du reportage vidéo. En 2016, le journal américain The New York Times y a même dédié une rubrique, Daily360, sur laquelle il publie toujours régulièrement des vidéos immersives. Le britannique The Guardian a aussi tenté sa chance, tout comme Arte en France ou encore l’AFP, qui sortait en 2017 une vidéo immersive d’un meeting d’Emmanuel Macron. Mais pour l’instant, la réalité virtuelle semble encore rester au stade expérimental dans les médias d’information.
La RV tangue entre déception et potentiel
«L’Acte 1 de la réalité virtuelle s’est soldé par un constat mitigé, estime Chloé Rochereuil, co-fondatrice de Targo, le premier média français 100% RV. Elle n’a pas trouvé son public. Quand Facebook a racheté Oculus en 2014, tout le monde a pensé que ce serait une révolution, mais ça ne s’est pas fait. La faute à un matériel trop cher, peu agréable, et à des productions souvent de mauvaises qualités.» Avec un public souvent dépourvu de casque adapté, impossible en effet de pleinement profité de l’expérience RV, qui reste alors cantonnée aux réseaux sociaux et aux vidéos en 360°.
Pourtant, les reportages en réalité virtuelle gardent encore beaucoup de leur potentiel. Les casques commencent à se démocratiser, avec des modèles à 200€, bien loin de ceux à 600€ d’il y a encore trois ans. Avec cet équipement moins cher arrivent donc de nouveaux consommateurs, qu’il ne faut pas manquer d’attirer. «L’avenir de la RV est entre les mains des créateurs, constate Chloé Rochereuil. Il faut maintenant créer du contenu natif, spécialement réalisé pour un visionnage au casque.»
Des innovations prometteuses
Dans les années à venir, les reportages en RV pourront sans doute proposer de nouvelles technologies, qui approfondiront davantage l’immersion. D’ailleurs, «il est déjà possible de proposer du contenu stéréoscopique, explique Chloé Rochereuil, c’est-à-dire qui renvoie des images légèrement décalées à chacun des yeux, pour une impression de réel encore plus intense. Ce sera aussi intéressant d’intégrer de l’interactivité dans les reportages, pour que les gens puissent se déplacer dans l’image… Le tout, toujours au service de contenus novateurs.» L’avenir semble donc encore plein de surprises pour le journalisme en réalité virtuelle.
Marie Fiachetti
Comment se lancer dans la production de contenu en réalité virtuelle ? La réalité virtuelle c’est une immersion exceptionnelle pour le public. Et un casse-tête technique pour le producteur. Chloé Rochereuil, cofondatrice du média Targo, spécialisé dans la création de ce type de contenu. « Dans notre entreprise, on utilise les caméras InstaPro 360 ; mais il existe d’autres solutions pour le grand public », assure-t-elle. Pour ce type de matériel, il faut en effet compter 5.000 à 6.000 euros. Bien plus abordable (environ 700€), la GoPro Fusion est une solution alternative intéressante selon Chloé Rochereuil : « Bien qu’elle soit monoscopique [c’est-à-dire qu’elle ne recréé pas les deux images décalées de l’oeil naturel, ndlr], elle est très bien pour commencer. » |
Héloïse Linossier
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