Diffuser un live avec plusieurs smartphones, comme un vrai plateau télé : c’est désormais possible. De la captation d’évènements sportifs au reportage en immersion, la technique séduit malgré ses contraintes.
« Le live multicam, c’est une des meilleures solutions pour montrer un évènement depuis différents endroits ». Véronique Houdan, journaliste et coordinatrice numérique régionale à France Bleu, a piloté des live multicam de manifestations populaires comme la braderie de Lille.
Pour elle, cette technique, permettant de multiplier les captations en direct et en simultané, a de nombreux atouts. Comme celui de pouvoir recourir à un équipement réduit et accessible, à la différence des télévisions et ses caméras. « Nous n’avons pas beaucoup de moyens à France Bleu, alors nous nous équipons de smartphones. »
Grâce à des logiciels comme OBS Studio, une rédaction comme celle de France Bleu Nord-Normandie peut gérer un live multicam avec pas moins de quatre smartphones. Le desk se charge ensuite de récupérer les captations en direct pour choisir quel plan apparaîtra à l’écran, en ajoutant de l’habillage et des titres sur le tout.
Concilier l’usage du smartphone et ses contraintes
Mais la réalisation en live multicam par smartphone n’est pas de tout repos. « Le problème majeur, ce sont les difficultés avec le réseau. Quand le réseau est mauvais, les images sont pixellisées« , regrette Véronique Houdan.
Une défaillance que Anthony Dubois, photographe et réalisateur qui a dirigé la captation en live multicam de la Spartan Race, parvient à éviter. La clé : une bonne préparation grâce aux repérages sur le terrain. « On anticipe pour qu’à l’image, on ne se rende pas compte que le réseau est mauvais sur tel ou tel endroit, explique-t-il. Nous avons davantage de difficultés avec les conditions climatiques. Le froid peut être un réel frein pour la captation avec des smartphones. En plus, ces outils sont sujets à plus de plantages. »
Un produit plus immersif
Malgré les complications, « le live multicam donne un produit plus immersif, plus intéressant à regarder », note Anthony Dubois. Margaux Chalmel, qui a travaillé aux côtés d’Anthony Dubois, ajoute : « le multicam va donner un aspect beaucoup plus professionnel au suivi live, même si le smartphone n’est malheureusement pas encore considéré comme un outil réellement pro. »
Pour se différencier du dispositif plus lourd des plateaux de télévision, les adeptes du live multicam s’arrangent pour pouvoir faire tenir leur matériel… dans un sac à dos. La preuve avec le journaliste belge Damien Van Achter qui a rassemblé un attirail complet et mobile qui lui permet de réduire la post-production à son minimum.
https://twitter.com/davanac/status/1072823299502170112
Il peut ainsi utiliser jusqu’à neuf caméras en simultané, et travailler efficacement grâce à son logiciel de prédilection : Switcher. « Ça ne remplace pas un bon réalisateur, mais le live multicam est un bon moyen de s’autonomiser », résume-t-il.De quoi se concocter une newsroom mobile, en quelque sorte.
Noémie Koskas
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