En matière de vidéo mobile, le matériel n’est pas vraiment une priorité. C’est du moins la vision que développe Benjamin Lapierre, jeune vidéaste amateur spécialisé dans le domaine de la fiction. Il a même élevé le manque de moyens au rang d’idéologie.

Vous n’avez pas de caméra, pas de matériel, pas d’ordinateur, et peu de moyens ? Vous avez, alors, le profil parfait pour le monde de la vidéo mobile. Depuis une décennie, une nouvelle génération de vidéastes revendique une idéologie assez décalée : faire de tout avec peu. « La créativité peut prévaloir sur le matériel, lance Benjamin Lapierre, vidéaste amateur de 32 ans, installé dans l’univers de la vidéo mobile depuis dix ans. Tournage, montage, trucages : on fait tout avec seulement un iPhone. » Passionné de vidéo et de cinéma, cet autodidacte a suivi ses envies. Il affirme pourtant être réaliste : « Je ne vais pas viser des sujets surdimensionnés par rapport à ce que je peux faire. »

Des vidéos pourtant, il sait en faire, et en fait même beaucoup. Sa chaîne YouTube, « Little walk of fame », créée il y a deux ans avec son compère Alexandre Gaudou, en produit une par semaine. Outre les courts-métrages de fiction, l’équipe accorde une importance particulière à la pédagogie, et propose tutos, présentations de matériel originales, et making-off.

Budget de 120€

Soyons honnêtes, Benjamin Lapierre ne fait pas des vidéos avec « rien ». Il réalise aujourd’hui ses tournages à l’iPhone, et dispose de trépieds et micros. « Excepté le coût du smartphone, on peut commencer à faire des vidéos de qualité avec un budget de 120€ », estime-t-il, reconnaissant que le matériel bas de gamme a largement gagné en qualité ces dernières années.

Manque de moyens oblige, le vidéaste assure avoir été obligé de développer son sens créatif, en réinventant le processus traditionnel des plans de tournage et des techniques de montage. « On a par exemple recours à beaucoup de trucages. D’une certaine manière, ça nous a libérés de ne pas avoir de budget. » Les tournages, eux, sont plus rapides, et impliquent de « connaître son matériel par cœur », soutient-il, avant d’admettre avoir mis « au moins cinq ans » à maîtriser ses outils techniques.

« Le manque de moyens est devenu une idéologie »

Pour le montage, comptez une quinzaine d’heures en moyenne, souvent divisées en plusieurs courtes sessions de travail. « Il faut beaucoup de patience. La partie de trucage au smartphone est
généralement la plus difficile si l’on veut vraiment être précis. »

Depuis ses débuts, Benjamin Lapierre a vu ses moyens personnels augmenter. Il continue cependant à vouloir réaliser des vidéos avec un budget serré. « Le manque de moyens est devenu une idéologie. » La créativité comme point cardinal de la vidéo mobile, donc, sans oublier une dose certaine de travail et de curiosité. « Je vais continuer à me former et à apprendre. »

Maxime Lemaitre