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Leonor Suárez Rodríguez parcourt le monde pour tourner des reportages au smartphone. Dans ses vidéos, elle prouve que le journalisme mobile change le rapport aux gens et oblige à repenser sa pratique du métier.

Cela fait six ans que Leonor Suárez Rodríguez a mis de côté sa caméra. La journaliste lui préfère un iPhone couplé à un micro et, si besoin, une source de lumière. C’est tout.

Rédactrice en chef de la Télévision régionale des Asturies, elle réalise des grands reportages à l’étranger en voyageant léger : « Le plus grand avantage de tourner au mobile c’est qu’il ne prend pas de place, c’est une caméra qu’on garde toujours sur soi. » Cet équipement tout-terrain lui ouvre de nouvelles perspectives : « Je suis allée dans des grottes, des mines, au sommet de montagnes, sur des cratères de volcans et à l’intérieur de prisons ». Autant d’endroits où Leonor n’aurait pas pu filmer avec une caméra normale, parce que la logistique que cela engendre revient trop cher.

Du journalisme d’improvisation

Parfois, la journaliste se heurte à des limites techniques, qui l’empêchent de travailler comme elle le ferait d’habitude. Au Guatemala, alors qu’elle filme un village recouvert de centres par une éruption, la qualité d’image ne lui permet pas de zoomer sur le panache de fumée. Pour se rapprocher du cratère, elle se lance dans une randonnée physique de plusieurs heures : « Tourner au mobile demande de zoomer avec les pieds » glisse t-elle malicieusement.

Son reportage dans les mines d’argent du Potosi, en Bolivie, a reçu le prix vidéo mobile de la fondation Thomson à Londres en 2016. Sous terre aussi, il a fallu se débrouiller avec les moyens du bord : « Je me suis servie d’un petit éclairage LED et de la lampe fixée sur le casque des mineurs. Le Mojo oblige à puiser dans son imagination et trouver des astuces pour dépasser les obstacles qu’on rencontre. »

Un dispositif moins impressionnant pour plus de complicité

Au fur et à mesure qu’elle expérimente avec son smartphone, Leonor se rend compte que son rapport aux gens a changé : « Ça ne surprend personne que tu aies un mobile, quand tu viens avec une caméra professionnelle on t’identifie directement comme journaliste et tout autour les personnes se comportent différemment. Le portable est un objet utilisé si souvent que ça ne les intimide pas, ils restent beaucoup plus naturels »

Les interlocuteurs acceptent plus facilement de se livrer sans fard à Leonor qui montre des scènes ordinaires, intimes, en immersion. Malgré tout, arriver munie d’un simple smartphone entraîne quelques soucis insoupçonnés : « J’allais tourner un reportage avec des enfants d’acrobates du cirque, et ils faisaient tous la tête sur les images. Leur père m’a ensuite confié qu’ils étaient déçus : Ils s’attendaient à voir la vraie télé, d’énormes caméras ou un camion régie ! »

Antoine Trinh